Suite du débat autour du Livre noir de la psychanalyse

Le sujet d'empoignade :

   
Article paru dans Biba, novembre 2005

 

la psy, c'est dangereux ?



Petit kit de survie ou briller en société.

Le scandale est arrivé par un gros bouquin, Le Livre noir de la psychanalyse. Plusieurs psychologues, psychiatres et historiens y tirent à boulets rouges sur la discipline inventée à la fin du XIXe siècle par Freud. Selon eux, la psychanalyse est une théorie fumeuse, incapable de démontrer ses vertus thérapeutiques. Ils lui préfèrent les thérapies cognitives et comportementales (TCC) importées des Etats-Unis dans les années 1970-1980, mais toujours relativement peu implantées en France.

La différence ? La psychanalyse (6000 praticiens en France) est une recherche intérieure fondée sur la parole. Le patient, allongé, parle à un thérapeute qu'il ne voit pas. Et se sent mieux grâce à ce qu'il découvre de lui-même en se racontant. Les TCC (500 praticiens), ont une approche plus concrète : patient et thérapeute discutent face à face des troubles à traiter et mettent au point des exercices ou des comportements à adopter.

Pour les partisans des TCC, la psychanalyse est pleine d'absurdités : elle culpabilise à l'excès (ex : elle a prétendu que les enfants autistes l'étaient par la faute de leurs mères, trop peu affectueuses), elle est misogyne (les femmes seraient frustrées de ne pas avoir de pénis...). Freud lui-même est pris à partie dans le livre : il serait escroc vénal, mystificateur...Le psychiatre Patrick Légeron va jusqu'à faire un parallèle entre nos deux "spécialités" nationales : la toute-puissance de la psychanalyse et la consommation record d'antidépresseurs; pour lui, c'est parce que la psychanalyse ne soulage pas que nous avalons tant de Prozac.



Bien sûr, les psychanalystes réagissent, accusent le livre d'être caricatural et souspçonnent les tenants des TCC de vouloir formater des individus "dociles" adaptés à notre société...L'historien Alain de Mijolla, dans le Nouvel Obs, explique même que si la psychanalyse ne "guérit" pas, c'est que ce n'est pas son but : elle est seulement là pour "donner à l'homme un bâton d'aveugle qui permet d'avancer dans la pensée".

Les familles de certains patients (ceux souffrant de troubles obsessionnels compulsifs ou d'autisme), posent, elles, une question simple : puisque la psychanalyse n'a pas d'effet sur ces maladies, pourquoi est-elle proposée systématiquement ?

Le Livre noir de la psychanalyse. Vivre, penser et aller mieux sans Freud (Editions des Arènes).

 
Le journal du livre noir de la psychanalyse… et un débat épistolaire entre Sauvagnat, Crews, Borch-Jacobsen et Cottraux… une mise au point de Jacques Van Rillaer qui répond à Elisabeth Roudinesco et un débat à propos d'une tribune libre de Roland Gori dans l'HumaJacques Alain Miller répond aux anti-Freud et une anti-freud lui répond… Chronique de Dominique Dhombres dans Le Monde… Droit de réponse d'E. Roudinesco au Nouvel Observateur… La souffrance sans voix par Annie Gruyer… Serge Tisseron dans Le Monde : "Livre noir de la psychanalyse", la main dans le sac Dans le Canard Enchaîné : "Vers un cessez le fou" de Frédéric Pagès… Qui veut renverser la statue de Freud? de Christophe André… Dans du 19 octobre, une tribune de Philippe Pignarre : La gauche, le patient et les psychothérapies Le difficile héritage de Sigmund FreudSimon Daniel Kipman et Christophe André dialoguent dans le Figaro du 24 octobre … Un "livre noir" critique et critiqué dans le Courrier International du 15 novembre 2005… Yann Kindo : Tabous brisés et totems à terre dans Alternative Libertaire.

à suivre…
    Les illustrations sont des tableaux de Camille Fox qu'on peut admirer sur le net : http://www.ajoe.org//Fox/suite.htm)
 
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